C'est le cas pour Glénic,
Anzème et le Bourg d'Hem par exemple, dont l'implantation
permettait de surveiller les voies d'accès, en contrebas,
dans la vallée. Au delà de l'aspect historique, c'est
bien évidemment en ces lieux que nous trouverons, tout naturellement,
les plus beaux
points de vue et les panoramas
les plus saisissants. Pour ce qui concerne Crozant, cette caractéristique
est -pour ainsi dire- décuplée en raison de la forme
imposante de cet extraordinaire
éperon rocheux qui s'avance,
tel un vaisseau de pierre granitique, profondément dans un
grand méandre
de la Creuse, accompagné
quelques soixante et dix mètres plus bas par la Sédelle encore bouillonnante débouchant de
ses gorges.
Nous avons là un autre
exemple de l'étymologie gauloise "croso" (creux)
qui s'applique autant à Creuse qu'à Crozant. Le paysage est vraiment superbe
! On peut en avoir un premier
aperçu de la place de l'église qui surplombe l'ancien
emplacement féodal, ce qui vous permettra d'apprécier,
par la même occasion, ce monument dédié à
St Etienne, classé
Monument Historique avec un portail
du XIIeme siècle, les autres parties ayant été
restaurées aux XV et XVIeme siècles. Mais, deux
autres points de vue vous permettront, encore mieux, d'approcher
la grande beauté de ce site : au bout du promontoire, tout
près de ce qui reste de la tour Colin, face au Rocher des Fileuses,
ou encore, en face, sur le Rocher des Fileuses, lui-même.
Le spectacle est particulièrement apprécié
en début de saison quand les genêts illuminent toutes
les nuances de vert du printemps nouveau et aussi, à l'automne,
quand les lumières embrasent les bruyères, les ajoncs
et les feuillages déjà jaunissants des fougères.
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Crozant, forteresse féodale des XII et XIIIeme siècles Le site a été occupé
dès la
Préhistoire et à l'époque gallo-romaine, d'après le résultat des recherches
archéologiques, puis plus de traces jusqu'à la fin
du Xeme siècle où un certain Gérald,
seigneur de Crozant, aussi seigneur de Bridiers, est mentionné
dans un document écrit. Mais, il est difficile d'obtenir
plus de précisions sur l'occupation de cette période,
les premiers châteaux étant construits en bois ne laissaient
que peu de vestiges. C'est à partir du XIIeme siècle
qu'apparaissent, vraisemblablement, les premières constructions
en pierres sur l'éperon, sous l'occupation de Hugues de Lusignan, comte de la Marche, et de son épouse, Isabelle d'Angoulème,
veuve du roi d'Angleterre, Jean Sans Terre. C'est au cours de
cette période qu'aurait pu être édifiée
la base d'un donjon carré, construction la plus ancienne,
suivie d'une double enceinte et de trois tours rondes.
C'est au XIIIeme siècle, que le château de Crozant
prend sa forme définitive et devient une forteresse imposante, une des plus puissantes
du centre de la France, avec une
enceinte extérieure d'un kilomètre de longueur, flanquée
de dix tours, six côté Creuse et quatre côté
Sédelle. Le château, lui-même, mesure quelques
450 mètres sur 80 mètres de largeur, au plus.
Le croquis ci-dessous
illustre ce qu'il en reste, aujourd'hui :
|
Après les Lusignans,
ce sont les familles illustres des Bourbons, des Armagnacs, puis
de nouveau des Bourbons qui ce sont succédé comme
Comtes de la Marche et propriétaires de Crozant. En 1356,
pendant la Guerre de Cent Ans, la forteresse est attaquée
par le Prince
Noir, Edouard d'Angleterre, mais
défendue victorieusement par son capitaine-gouverneur, Guy Foucaud St Germain Beaupré. La construction ne sera plus modifiée
après sa remise en état, au XVeme siècle, par
le roi Charles
VII, suite aux dégats provoqués par
la guerre contre les Anglais. C'est à ce moment qu'est construite
l'entrée avec le pont-levis, au dessus du fossé qui
barre l'éperon. Par la suite, les guerres de religion
de la fin du XVIeme siècle, l'abandon par les propriétaires
et un tremblement de terre, participèrent à la destruction
de la forteresse. Quand le roi Louis XIII vend le château
en 1640 à Henri Foucaud St Germain Beaupré, l'acte de vente précise
qu'il est en ruines.
Aujourd'hui, il ne reste que peu de vestiges du château, ormis
les ruines du donjon
carré, devenue résidence
seigneuriale au XVeme siècle, de la chapelle et
de trois tours
datant du XIIIeme siècle : celles d'Isabelle d'Angoulème , du Renard et Colin. Longtemps délaissé,
le site de l'ancienne forteresse est récemment devenu propriété
de la commune avec l'aide du Conseil Général de la
Creuse et des efforts importants sont, désormais, consentis
pour entretenir et valoriser ce site majeur du Limousin.
Des visites payantes des ruines (tarif modique) sont actuellement
possibles, renseignez vous auprès de la mairie, tél
: 05 55 89 80 12 Retour en haut de page
Crozant, berceau d'Armand Guillaumin
et des impressionnistes Crozant,
c'est aussi le coeur d'un territoire qui s'étend sur une
cinquantaine de kilomètres sur la vallée, d'Anzème en amont (Pays des 3 Lacs) jusqu'à
Gargilesse (Pays de George Sand). Ce territoire, "à
cheval" entre Creuse
et Indre, Limousin et Berry, est
depuis la fin du XIXeme siècle, une source d'inspiration
féconde pour tous les paysagistes modernes qui s'y rendirent
: peintres tous frais émoulus de l'école de 1830 désireux
de se lancer dans les plaisirs de la peinture en plein air, impressionnistes
sur les pas de Claude
Monet et Armand Guillaumin,
puis, plus tard, tous genres confondus, artistes en quête
de symbolisme, fauvisme ou surréalisme. Au delà
des techniques, des écoles et des modes, la particularité
de cette peinture réside dans l'authenticité de la
démarche de ces artistes qui ont trouvé dans cette
région éloignée et sauvage, parfois ingrate,
les paysages et
les lumières capables de
traduire l'objet de leur recherche : l'impression, l'émotion.
C'est d'ailleurs ce lien étroit entre les paysages spécifiques
de la vallée de la Creuse et leur recherche plastique qui
permit d'entretenir, aussi longtemps et encore aujourd'hui pour
les quelques continuateurs de "l'école de Crozant",
cette passion d'une forme de peinture en quête de ce qui fait
sa particularité :
l'âme d'un pays.
Voici quelques dates qui résument les principales étapes
: - 1827 : George Sand découvre Crozant pour
la première fois. Par la suite, elle devient son ambassadrice, déjà à partir de Nohant
où elle réside, puis surtout à partir de 1857
quand elle s'installe à Gargilesse. C'est
cet écrivain qui, en faisant découvrir la vallée
de la Creuse à des artistes de grande renommée (Chopin, Dumas fils, Maurice
Rollinat,...) attisa l'intérêt
du site auprès de toute l'élite intellectuelle de
son époque. -1830 : tous les peintres baignent dans le mouvement
"pleinairiste" et fuient les ateliers au profit de la nature.
Dans son livre "Promenades
autour d'un village", George
Sand qui s'émerveille de sa nouvelle vie à Gargilesse,
contribue fortement à la notoriété des lieux
et draîne, dans ses élans pastoraux, une multitude
de peintres qui viennent s'essayer à capter " leur Creuse
". Certains seront remarquables : Charles Donzel, Ernest Hareux, Gaston Vuillier,
Allan Osterlind. - 1864 : le terme "d'école de Crozant" apparaît pour la première fois.
- 1883 : le poète Maurice Rollinat
fuit Paris et se réfugie à Fresselines.
Il reprendra et poursuivra l'oeuvre de promotion entamée
par George Sand, comme elle, auprès d'amis musiciens, écrivains,
journalistes, mais surtout auprès d'une nouvelle génération
de peintres de plein air, ceux-là mêmes qui, depuis
une vingtaine d'années tournent le dos à l'école
des Beaux Arts : les
impressionnistes. -
1889 : Maurice Rollinat invite
Claude Monet en Creuse. Ce dernier s'y rend pour une semaine
au printemps, mais trouve des conditions météorologiques
déplorables, s'entête, reste 3 mois et finit par peindre 23 toiles sur les sites des 2 Creuse, expérimentant là ses premières
"séries". - 1892 : arrivée
à Crozant d'Armand
Guillaumin. Agé de 50 ans,
le peintre, ami de Picasso, Cézanne et Gaugin, est à
l'apogée de son art et consacre le mouvement impressionniste
dont les audaces picturales sont relayées par Léon Détroy, Paul Madeline, Eugène
Alluaud, Albert Joseph, Henri Pailler,...
Ce début de XXeme siècle voit donc les heures de gloire
de l'école de Crozant, entrainant aussi dans son sillage
d'autres jeunes peintres sensibles à d'autres formes de peinture
: Emile Othon
Friesz qui s'essaie au Fauvisme,
Francis Picabia, à la recherche d'abstraction, qui
se tournera, plus tard vers le Surréalisme. - 1926
: la mise en eau du barrage
d'Eguzon bouleverse les sites
de la Vallée et met un terme à la fréquentation
des peintres à Crozant. L'immense retenue qui remonte jusqu'au
confluent des 2 Creuse ne les intéresse plus. Certains s'attarderont
encore à peindre la Petite Creuse, la Sédelle ou la
Gargilesse, mais le principal motif de leur passion a disparu !
- 1991 : parution de la première édition
de l'ouvrage de Christophe Rameix "L'Ecole de Crozant - les peintres de la
Creuse et de Gargilesse".
C'est véritablement grâce à ce livre que le
public découvrit un aspect majeur de l'histoire de la vallée
des 2 Creuse (ou re-découvrit pour les spécialistes
de peinture intéressé par le paysagisme régional,
peu nombreux) Nous le recommandons vivement (ré-édition
en 2002) et remercions son auteur pour sa contribution. Retour
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Crozant, à
la rencontre des
gorges de la Sédelle Evoquant
les rivières du Nord de la Creuse, nous avons parlé
de la Petite et de la Grande Creuse. Nous vous invitons à
découvrir aussi la Sédelle, remarquable petite rivière (à
truites, pour les amateurs !) qui se faufilent dans des gorges magnifiques, peu avant de rejoindre Crozant. Se promener
le long de ses rives procure un immense plaisir de liberté
: aucune habitation, de temps en temps, un pont, et pas loin, un
moulin. C'est tout. Avec en prime, le chant de l'eau vive qui court sur les
pierres ! Mieux qu'un long
discours, voici une
jolie randonnée d'1h45mn qui vous en
donnera une idée. Ce n'est pas, loin s'en faut, le circuit
le plus sauvage que nous connaissons, mais il est parfaitement accessible
de Crozant et vous permettra de concilier leurs visites respectives. |